Statines : le point sur les effets secondaires musculaires

Nous disposons, depuis tout récemment, de nouvelles données sur les effets secondaires potentiellement attribuables aux statines.

Comme je l’ai détaillé dans un article précédent : statines (1), ces médicaments ont prouvé une efficacité sur la réduction de la mortalité et de la morbidité des patients ayant déjà eu une maladie cardiovasculaire pour un accident vasculaire cérébral, ainsi que chez des patients à haut risque de développer une telle maladie.

On a beaucoup parlé des effets secondaires de ces produits notamment au niveau musculaire.

Dans la pratique, on constate régulièrement que lorsqu’on arrête un traitement pour des douleurs musculaires, la statine n’était pas la cause des douleurs… alors qu’elle était rapidement incriminée comme responsable.

Paradoxalement, la crainte d’effets secondaires est importante chez les patients.

Cela n’est sûrement pas étranger au fait que cette famille de médicament a acquis une réputation sulfureuse liée à une désinformation menée par certains médias ainsi que par des experts auto proclamés sur internet..

Il fallait donc en savoir plus sur l’importance des effets secondaires musculaires.

C’est ce que c’est proposé de faire une publication récente dans la prestigieuse revue The Lancet a publié en août 2022 : une méta-analyse sur les effets musculaires des statines.

Une méta-analyse est un regroupement d’études pour augmenter la puissante statistique d’une comparaison (c’est à dire pour réduire au maximum l’effet du hasard dans une comparaison). Celle qui nous concerne a permis de grouper un peu plus de 154 000 patients, ce qui est considérable et permet de faciliter la mise en évidence de petites différences en limitant les fluctuations statistiques.

Certaines des études incluses dans cette méta analyse comparaient des patients recevant une statine et d’autre recevant un placebo, d’autre des patients recevant une statine à faible dose ou à forte dose.

Le principal résultat de cette étude est que plus de 90 % des troubles musculaires n’étaient pas attribuables à la statine puisqu’ils étaient autant presque présents chez les patients recevant un placebo au lieu d’une statine.

Les troubles musculaires n’étaient expliqués par la statine que dans moins de 6-9% des cas selon la dose (patients prenant un dose faible ou fortes doses de statines). Les effets musculaires avérés étaient peu sévères. 

La durée de traitement ne semblait pas intervenir dans la fréquence des effets secondaires. Et l’apparition d’effets plus d’un an après le début du traitement rendait improbable la responsabilité de la statine dans les effets musculaires constatés.

Il existe donc bel et bien un effet nocebo qui explique la plupart des troubles musculaires des patients sous statines : ” la crainte d’un effet négatif peut conduire à la perception d’un effet négatif”.

Cela avait déjà été mis en évidence par des études plus petit dont une menée par la société française de cardiologie. L’effet nocebo est l’inverse de l’effet placebo.

L’effet placebo, c’est une molécule inactive qui va avoir un effet favorable. L’effet nocebo, c’est au contraire une molécule inactive

Articles du site de l’INSERM à ce sujet : https://presse.inserm.fr/effet-placebo-effet-nocebo-aucun-effet-vraiment/44685/#:~:text=%C2%AB%20effet%20nocebo%20%C2%BB.-,On%20parle%20d’effet%20nocebo%20lorsque%20l’effet%20psychologique%20ou,effets%20d%C3%A9l%C3%A9t%C3%A8res%20pour%20l’individu.

Bref, pour certains patients, le traitement par statine sauve des vies pour un risque potentiel notamment musculaire relativement faible…. en particulier pour les patients ayant un suivi médical régulier et qui ne font pas d’automédication “sauvage” (source d’interactions et de modifications du métabolisme des médicaments).

Ci-dessous l’article scientique intégral en anglais.

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